LE PROFESSEUR MINKO BALKANSKI est né en 1927 dans un tout petit village isolé dans la montagne les Balkans. Son enfance rurale est marquée par la curiosité et la passion de la lecture. Physicien de vocation précoce il est à l’université déjà à 15 ans. Il quitte la Bulgarie dès l’arrivée du communisme avec tous les risques de la traversée du rideau de fer à cette époque. A 19 ans il se retrouve seul en France avec l’obstination de poursuivre ses études. Nommé jeune professeur à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6), il est aussi professeur à l’Université de Californie et Directeur du Laboratoire de Physique des Solides à l’Ecole Normale Supérieure. Précurseur dans le domaine de la Physique des semiconducteurs, il est l’auteur de 28 monographies et ses publications originales sont réunies dans « Scientific Publications » en 5 volumes.
Pour ouvrir la voie de jeunes talents exceptionnels vers les grandes écoles françaises, il crée l’Institut des Hautes Etudes pour le Développement de la Culture, la Science et la Technologie en Bulgarie, ce qui au cours des années a conduit à la formation d’une élite exceptionnelle de scientifiques et artistes bulgares.
En Bulgarie il a créé la fondation qui porte le nom de son père Minu Balkanski, aujourd’hui un centre d’éducation et de passion pour les sciences et les arts, organisant plusieurs écoles d’été pour des jeunes enfants dans le cadre du projet « La jeunesse et la Science ».
C’est ce parcours enthousiaste et généreux que retrace ce livre.
PREFACE
“My father was born in an
illiterate family” – c’est ainsi que s’ouvre la profession de foi de mon fils
aîné Alexandre Balkanski, devenu une figure importante dans l’économie de ce
grand pays que sont les Etats Unis.
C’est une affirmation tout à
fait exacte… La stricte vérité ! Et pourtant elle heurte le vieux professeur
que je suis devenu. Elle sonne comme une interpellation…
Oui, mon père est né dans un
tout petit village perché en haut des collines de Sredna Gora, au centre de la
Bulgarie. Ses parents avaient pour tout bien quelques chèvres et très peu de
terre pour nourrir sept enfants, de sorte qu’il fut envoyé à l’âge de 11 ans
comme apprenti dans un magasin dans la ville voisine pour contribuer à la
survie de la famille. Je ne sais pas quelle révolte, quelle flamme interne l’a
poussé à essayer d’échapper à cette condition, à tenter de fuir cette boutique
pour essayer de se faire engager comme balayeur au lycée français de Plovdiv.
Malheureusement, il fut rattrapé dans le train par le frère du propriétaire et
ramené à la boutique. Loin de se résigner à son sort, il travailla avec
acharnement à s’éduquer seul par la lecture. Et c’est cet autodidacte qui fut
le guide pour son fils sur le chemin à devenir professeur à la Sorbonne,
chercheur reconnu, un des pionniers dans les connaissances fondamentales des
propriétés des matériaux semiconducteurs et électroluminescents qui ont donné
naissance à l’électronique moderne.
Le mythe du self-made mandont aiment se glorifier certains hommes qui ont réussi aux USA accrédite
l’idée d’une coupure avec les racines et l’héritage génétique.
Certes, mon fils Alexandre a
inventé la compression et décompression d’image, créé cette entreprise à
l’expansion fulgurante qu’a été C-Cube Microsystems et devenu un des
hommes qui comptent aux USA. Mais sa découverte aurait été impossible sans les
connaissances fondamentales des propriétés des semiconducteurs, auxquelles mes
propres travaux de recherche ont contribué significativement ; sans l’invention
de la diode, du transistor, dont l’empilement par milliards donne les
performances qui paraissent sans limites des technologies modernes. Dans les
années cinquante, nous étions les pionniers, le groupe de chercheurs savants et
ingénieurs qui avons jeté les bases de ce développement continu qui a l’air de
ne pas pouvoir s’arrêter.
Un mode de vie, une
civilisation s’est développée là-dessus et maintenant une autre vague se lève
contre elle. La guerre est déclarée à notre existence, même à nos valeurs, à
notre bonheur de vivre. On est parti pour nous exterminer. On tue dans les
rédactions des journaux, dans les salles de spectacle, dans les églises.
Qu’avons-nous à opposer à cette attaque ignoble, à cette barbarie et élan
d’extermination né de l’ignorance, de la bêtise et des instincts les plus bas.
La seule arme que nous pouvons lever contre ce danger c’est l’éducation.
C’est justement à
l’éducation que je consacre la dernière partie de ma vie, mais auparavant j’ai
fait des études, de la recherche, j’ai enseigné, j’ai bâti et c’est de ce
parcours que ce livre parle.
Le parcours d’un homme sorti
d’un petit village perdu dans les montagnes bulgares, mû par une vocation
scientifique, chemin escarpé, obstinément poursuivi avec un seul guide, la
volonté, projeté aux sommets de la recherche scientifique, fécondée par l’amour
des arts, de la culture et de l’humanisme.
Engagé maintenant dans un
vaste effort d’éducation d’enfants talentueux, mais sans repères culturels pour
éveiller leur curiosité et donner le goût de l’effort pour apprendre et
connaître, la volonté et l’ambition de grandir par la science et le savoir.
Cette histoire débute par
une enfance bulgare dans un modeste village des Balkans, entre Sofia et
Istanbul, se poursuit en une trajectoire plusieurs fois reprise autour de la
terre et passant par les sommets de la recherche scientifique. Avec une césure
: la fuite du régime communiste pour la France, à l’âge de 19 ans.
Une enfance pétrie par une
civilisation rurale dont la Bulgarie actuelle se veut complètement délestée.
L’enfant seul dans les sentiers de la montagne grandit dans une liberté totale.
Là, fut l’impulsion décisive donnée à une vie, là plongent les racines
profondes qui tirent la sève pour faire éclore le garçon, puis l’homme, fou de
liberté, pénétré de beauté comme indomptable dans l’effort. La vocation
scientifique, née très tôt, a été irrésistible. Le bonheur, la plénitude,
vinrent de la passion pour la découverte des processus intimes de la physique.
Les années de scolarité dans
la petite ville voisine du village ont été imprégnées par l’ombre d’un père qui
infusait la sagesse et la bonté pendant ses visites tellement attendues.
L’exemple du père a été fondateur d’une sensibilité à la culture et à la
liberté. A la culture de soi se joignait un refus entier de la croyance en tout
domaine : tout à la recherche de la vérité.
Passion de faire avancer la
connaissance scientifique et amour immodéré de la culture littéraire et de la
musique : c’est dans cette tradition des humanistes européens que s’est
construit l’homme.
Voué à la recherche
scientifique : celle-ci n’est-elle pas la façon la plus directe de servir
l’humanité ? Elle appelle au travail sans limites, elle ouvre aux valeurs de
l’esprit. Solidarité de l’exigence morale et de l’exigence scientifique :
service d’une communauté scientifique, une grande famille d’échanges dans
laquelle on entre avec ardeur. La création et le développement du Laboratoire
furent l’exercice d’une passion quasi paternelle. L’élan du travail se
confondit avec la notion même d’existence. Conférences, congrès, voyages à
travers le monde pour échanger et surtout pour collaborer. Chemin faisant on
rencontre d’attachantes figures de savants.
Et puis vient le jour où on
n’a plus de laboratoire, plus d’équipe de recherche, on est « mis à la retraite
», jeté hors du système. Cependant le culte du travail demeure et l’aspiration
vers la connaissance, les arts, la culture, devient encore plus aiguë. Veiller
au développement futur de la société, mieux préparer la jeunesse à la vie,
reste une exigence permanente, comme l’obsession de l’excellence.
Condamné à mort, privé des
droits civiques pour avoir refusé le retour en Bulgarie communiste, après le
changement de régime en 1990 il est pressé d’accepter une visite pour recevoir le
titre de Docteur Honoris causa de l’Université Saint-Clément d‘Ohrid de Sofia
en 1992.
Commence alors une aventure
: rechercher de nouvelles méthodes d’approche dans l’enseignement, où le guide
soit la curiosité de l’enfant, et non les commodités du professeur. Le souci
de sélectionner les meilleurs talents, pour les pousser vers la rue d’Ulm et
Polytechnique, devenir des professeurs éminents, des chercheurs remarquables
et couronnés de succès. Une phalange se constitue et se groupe pour continuer
l’oeuvre.
Dans cette marche vers une
société plus responsable et mieux préparée à se prendre en main, la musique et
les arts ont toujours occupé une bonne place. Multiplier les manifestations
musicales, encourager de jeunes talents exceptionnels, pratiquer le violon,
maintenant le piano, au prix d’une passion intense et de l’amour démesuré de
la vie.
Minko Balkanski
1er décembre
2016
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